L'Esclapot, cartulaire de Monségur


Ce livre livre de 83 folios en parchemin protégés par une couverture en bois (esclapot en occitan signifie éclat de bois) rassemble les cahiers où ont été copiés, aux environs de 1450, les documents originaux allant de 1265 à 1432.

On y trouve les chartes d'Eléonore de Provence et de son fils Edouard, la confirmation par Henri III, les mandements royaux ou du sénéchal, une bulle du pape Clément V, un accord avec Bertrand de Got, vicomte de Lomagne, de très nombreux textes sur les limites de la juridiction, les statuts de la jurade, des accords avec l'abbé de Saint-Ferme, avec l'évêque de Bazas, un texte sur les lépreux, etc.


Accord avec l'abbé de Saint-Ferme qui donne notamment le droit de pêche dans le Drot. Charles IV ayant pris la bastide réclame les redevances.

Un calendrier perpétuel établi entre 1228 et 1253.

L'Esclapot commence par un calendrier perpétuel. En tête de chaque mois, une formule en rouge rappelle où se situent dans le mois les jours égyptiens, c'est-à-dire les jours néfastes, ensuite sont indiqués le nombre de jours solaires et de jours lunaires, puis la durée moyenne du jour et de la nuit. La formule des jours égyptiens est restée une des plus fidèles au calendrier de Bède datant du VIIe siècle.  

Sur la colonne de gauche, "le nombre d’or" qui est en fait une suite de nombres de 1 à 19 (cycle de Méton) sert à faire correspondre le calendrier lunaire et le calendrier solaire, ainsi qu'à déterminer la date de Pâques.

Sur la colonne de droite, figure le quantième à la romaine avec les ides, les nones et les calendes.

Entre ces deux colonnes, les sept jours de la semaine sont désignés par les sept premières lettres de l’alphabet appelées lettres dominicales. La lettre affectée au dimanche change chaque année.

Le saint ou la fête du jour figure en noir, à droite, mais le sanctoral en cours d’élaboration n’est pas complet.

Enfin, en rouge apparaît aussi le signe du zodiaque.

Mois d'août et septembre. Août commence par la fête de saint Pierre aux Liens ; au milieu du mois "Assumptio sancte marie" indique l'Assomption, annoncée le jour précédent par la "vigilia". Le 30 août sont célébrés saint Félix, patron de l'ancienne paroisse de Neujons à l'intérieur de laquelle a été créée la paroisse de la bastide, et saint Ferme, patron de l'abbaye voisine.

En septembre, le jour égyptien est clairement indiqué au 3ème jour (tertia septembris). On reconnaît les calendes d'octobre (kk octobris), la fête de Michel archange et Jérôme prêtre à la fin du mois. .

Les évangiles

Après le mois de décembre, viennent trois évangiles. L'évangile de Jean "In principio erat verbum, Au commencement était le Verbe...", l'évangile de Marc sur l'Epiphanie et l'évangile de Matthieu où le Christ ressuscité apparaît aux onze et leur demander d'aller enseigner à toutes les Nations. Ces évangiles sont le fondement du christianisme.

La charte d’Eléonore de Provence

Les textes de l'Esclapot sont des copies d'originaux faites à la fin de la guerre de Cent Ans, sans aucun ordre chronologique. C'est ainsi que la confirmation faite depuis Saint-Paul de Londres par Henri III, le 30 juin 1267, précède la charte signée par sa femme Eléonore de Provence, le 26 juillet 1265, et qui commence ainsi : " Aquesta franquessa fo dada als borges e a las borgesas de monsegur per la dona na helianors... Cette franchise fut donnée aux bourgeois et aux bourgeoises de Monségur par Dame Eléonore ... ". Par cette charte écrite en gascon, les Plantagenêts donnent aux habitants de la bastide de Monségur un lot à bâtir (8,6m x 25,8m environ), un jardin, une pièce de vigne et ce qu’une paire de bœufs pourra cultiver en un an. La jurade gèrera les affaires courantes avec le conseil des prud'hommes sous réserve que le sceau de la ville soit apposé par le bayle ou prévôt, délégué du roi. Les habitants sont exempts de droit de vin, de sel, de four, de taxes sur les marchandises et de péages pour le marché du mercredi et les foires annuelles. Les poids et mesures sont les mêmes qu'à La Réole. Les bourgeois devront aide à leur suzerain en cas de guerre. Le prévôt exerce la justice sur la juridiction de neuf paroisses etc.

Les statuts de la jurade

Une génération après l'arrivée des premiers colons, les jurats établissent, le 4 avril 1283, les premiers statuts complétés au fil du temps : interdiction de prendre des légumes et des fruits dans les jardins, de fouler l’herbe des prés en certaines périodes, obligation de rentrer le bétail tous les soirs dans la bastide montrent le souci de protéger le travail de la terre. A cela s’ajoutent des statuts sur l’interdiction d’allumer du feu de Pâques à la Saint-Michel le soir, de rentrer trop de foin pour éviter les incendies. Les jurats légifèrent aussi sur la moralité : amende pour celui qui vole les pichets ou les vases dans une taverne, pour un buveur qui a battu un tavernier, pour celui qui héberge une femme du siècle chez lui. Statuts relatifs à l’hygiène : maintien des lépreux hors les murs, interdiction de sécher les peaux dans la ville, de faire du fumier dans la ville de Pâques à la Saint-Michel, d’écorcher toute bête, d’éventrer porc ou truie etc.

 

 

M-C Jean a fait une étude détaillée de l'Esclapot, publiée par le GAHMS (Groupe archéologique et historique du Monségurais).

Vente à la maison de la Presse à Monségur (10 €).