La commanderie "hospitalière" de Roquebrune

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem établirent une commanderie à Roquebrune vers 1170  et construisirent l’église Saint-Jean-Baptiste. Les prieurs "percevaient la dîme sur toute sorte de grains, froment, seigle, orge, avoine et autres, légumages, chanvres, lins et agneaux, et moyennant quoi, ils étaient obligés d'entretenir le vicaire perpétuel et de lui bailler deux cents livres de congrue. Les cens et rentes consistaient en espèces de grains sçavoir froment, seigle et avoine, chappons, poules, maneuvres ou journées d’hommes et argent. La commanderie étant érigée en baronnie, les prieurs avaient la justice haute moyenne, et basse mère, et mixte."


La commanderie de Roquebrune, vue est-ouest : de gauche à droite, l'église, la cour, le "château" ou "commanderie". Un corps de logis pour l'accueil des indigents, et des pèlerins fermait la cour à l'est. 

"Les biens nobles consistent en un chastel seigneurial avec fossés et pont levis avec les autres bâtiments, l'église paroissiale, le tout dans un enclos. Le cimetière au devant, le sol à battre la gerbe avec un appant pour l'y reposer, une pièce de terre anciennement jardin, et la garenne où il y a quelques arbres de chênes ; le tout a une contenance de trois ou quatre journaux"

(D'après les Archives départementales de Haute-Garonne,  ARCHIVES_THOTDESC_R1213058_28, f 49 verso.)


Croquis de Lapouyade en 1846, vue ouest-est : la commanderie, le corps de logis, l'église. Le site est sur une hauteur à laquelle donnait accès un pont protégé par des canonnières. Sur la carte postale, on voit le "sol à battre la gerbe" autrement l'airial au sud de l'église, occupé par un champ de maïs vers 1950, au moment du cliché ; actuellement, c'est le parking.  

L'église Saint-Jean-Baptiste


Elle est rectangulaire à chevet plat, avec un clocher pignon percé de deux baies. Appuyé sur la façade ouest, le porche de la fin du XIXe siècle protège un portail roman, formé de quatre archivoltes en arc brisé dont la plus en retrait est ornée d’un entrelacs et retombe sur deux chapiteaux décorés encadrant une sorte de tympan évidé. Ce curieux tympan est le fruit de restaurations de 1806. On a enlevé deux colonnes pour élargir l'entrée et on a posé un linteau sur les chapiteaux, ce qui donne ainsi l'illusion d'un tympan évidé.

Le portail tel qu'il est et, à côté, reconstitué, tel qu'il était : haut et étroit.


La nef de trois travées, aujourd’hui lambrissée, était destinée à recevoir une voûte, puisque les murs font 1,15 m d’épaisseur. Les chapiteaux romans sur le portail et à l'intérieur présentent des têtes et des animaux fantastiques, dont un oiseau rappelant celui de l'abbaye de Saint-Ferme



Les bâtiments de la commanderie relèvent de la commune. C'est la seule commanderie en Gironde à avoir conservé son église utilisée pour le culte, des expositions, des concerts. Une partie de la commanderie héberge la mairie, une autre partie est transformée en gîte touristique. Cette aile nord est maintenue en sous-sol par de solides piliers romans et, sur le mur ouest, une très belle fenêtre à meneaux rappelle les aménagements des XVe-XVIe siècles.


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